Appartement de Chester Thompson

N'ayant rien d'autre à faire je rentrais. J'aimais bien l'immeuble. Pas en lui-même, il était vieux et décrépit. C'était sa situation qui me plaisait juste en face d'un rail très fréquenté.

Personne n'était capable de supporter un bruit pareil dans son sommeil. Sauf un insomniaque.

J'avais donc droit à un loyer réduit et quasiment aucun voisin. Et franchement ce n'était pas du luxe pour un flic. Dès qu'ils apprennaient votre profession, ils se divisaient en trois catégories :
- Les craintifs qui craignaient qu'on les arrête rien que pour avoir laissé déféqué leurs chiens sur le trottoir. Agaçants, mais au moins ils vous évitaients.

- Les admiratifs. Eux se croyaient dans une série télé à votre proximité. Ils vous collaient en permanence au cul pour vous poser les questions les plus ineptes qui soit du genre lr nomntr de tueurs en série à votre actif... Soulants et collants à la fois sans doute la pire espèce.

- Les délateurs. Des vautours vous confiants les ragôts qu'ils collectaient afin de se donner de l'importance. Répugnants à première vue mais amusant si on les menaçait d'atteinte à la vie privée.

Je m'installais sur mon seul meuble à part mon armoire murale à savoir le lit. Pourquoi quelqu'un aux heures de sommeil si réduites disposait de ce type d'ustensile ?

C'était plus confortable pour lire. L'objet de ma lecture était un dossier que j'avais choppé avant de partir.

Etrangement je m'étais contenté d'un histoire banale de la catégorie faits divers : le meurtre d'un pauvre boutiqiuer de NorthStreeet.

Le fait d'avoir découvert le corps m'avait marqué je suppose. Et puis l'usage d'un gros calibre m'avait intrigué. Un petit braqueur se serait contenté d'un pistolet bon marché.

L'enquête n'était pas allée bien loin, faute d'indices. Pas de suspect, pas de véritables indices... Selon le légiste, la victime (Marc Stevens) avait été tuée, à bout portant, avec un .44 magnum.
L’enquêteur avait conclu à un braquage qui avait mal tourné. En l'absence de pistes concrètes, l’investigation s'était arrêté la.
Quelques mois plus tard, l'arme avait de nouveau été utilisée, cette fois-ci pour abattre un dealer dans Seattle South. La situation avait faillit dégénérer entre gangs, qui s'accusaient les uns les autres. Finalement, sans coupable désigné, l'affaire était retombée comme un soufflet.
Vu l'identité de la victime, la police n'avait pas fait preuve de beaucoup de zèle ici non plus.

Finalement, l'arme avait refait surface la semaine dernière. Un vieil homme de 83 ans avait été exécuté chez lui. Violeur multirécidiviste, il était en liberté conditionnelle depuis 1 mois. L'enquête était encore officiellement en cours.

D'abord c'était un parcour classique : braquage, guerre des gangs. Le genre à peine plus instructif qu'un Marc Levy.

Puis il y eu ce vieillard, qui me réveilla. Il était là comme une fausse note.

Puis je vis qu'il existait tout de même un lien. Le dealer et lui étaient des criminels. Seulement dans ce cas c'était l'épicier, qui faisait tâche de le décor.

Les informations sur Marc Stevens étant les plus limitées, il était logique de se renseigner à son sujet.

C'est là que les limites de ma masturbation intellectuelle m'apparurent. Pouvais-je aller plus loin sans mes attributions de flic ? Et était-ce raisonable ?

La première réponse était oui, et la seconde, non. J'ignorais la seconde pour le moment. Après tout je pourrais toujours faire machine arrière plus tard. C'est du moins ce que je pensais pour me rassurer, tout en sachant que je ne le ferais pas.

C'était mon coté Lestat.

Je déchirais la page adéquatte de mon annuaire, puis sortais.

Rues