Historique et Comportement Niveau de Vie : Moyen-Bas
Histoire :
Laura Blake a vu le jour dans la ville de Bakersfield, dans l'état de Californie, le surlendemain de Noël 84. Fille d'un père artisan menuisier, et d'une mère aide-soignante, on ne peut pas dire qu'elle ait connu une enfance difficile. La petite entreprise de son père fonctionnait plutôt bien, permettant à la petite famille de vivre aisément et de ne manquer de rien. Le seul regret qu'elle garde de son enfance est de n'avoir pas pu passer plus de temps avec son père, lequel se trouvait en déplacement sur des chantiers la plupart de l'année. Néanmoins, Laura et sa sœur, Alice, ne manquèrent ni d'amour, ni d'aisances ; faisant d'elle de véritables petites pestes pourries gâtées durant leur enfance. A l'école, Alice se trouvait être la plus populaire des deux, bien qu'ayant toutes deux beaucoup de facilités à se faire des amis parmi les copains de classe, Laura avait hérité du fameux et impopulaire titre de première de la classe, là où Alice était la fille toujours prête à faire rire. Là où l'aînée était insouciante, la cadette cherchait la reconnaissance et souhaitait susciter la fierté chez ses professeurs - et l'envie chez ses camarades - s'assurant ainsi des relations plus compliquées avec certains élèves que fort heureusement sa grande sœur savait apaiser. Mais rien ni personne ne pouvait au final ébranler la complicité entre les filles Blake.
Etrangement, les rôles s'inversèrent à l'adolescence, de façon progressive au début de leur puberté, puis de manière beaucoup plus radicale lorsque les premiers amours s'en mêlèrent. Laura était devenue un poil moins studieuse, assumait les changements physiques et psychologiques s'opérant, et son naturel avenant semblait faire mouche sur de nombreux garçons. Concernant Alice, elle vivait très mal le passage de l'enfance vers l'âge adulte. Etant d'un caractère plus naïf et enfantin, malgré qu'elle soit l'aînée des deux, elle s'isola petit à petit des autres, se plongeant à son tour dans les études en se renfermant sur elle-même et devenant plus solitaire. Elle fit de la musique sa véritable passion, prenant des leçons de piano et de chant, préférant plutôt étaler son mal-être sur des partitions qu'auprès de siens. Quant à Laura, elle continua sur cette pente savonneuse jusqu'à ses quinze ans, comprenant que le temps des bonnes notes était révolu et que c'était celui de la rébellion qui la rendrait populaire. Ces écarts de comportements entre les deux sœurs et leurs changements de cycle scolaire durant deux ans commencèrent à fissurer le béton de leur complicité, et la jalousie ne tarda pas à gagner Alice. Les disputes entre les deux ados devinrent de plus en plus fréquentes, jusqu'à ce qu'elles en viennent aux mains, une seule et unique fois. Elles se retrouvèrent donc face à un étalage bilatéral de reproches tus et de rancœurs contenues, sous le regard de leurs parents, bien impuissants et médusés par la situation.
Mais paradoxalement, les deux jeunes filles ne furent jamais aussi soudées qu'après cette dispute, Alice exposant son mal-être, Laura se retrouvant avec un peu de plomb dans la cervelle ; et elles retrouvèrent ainsi leur complicité, la cadette se découvrant une véritable vocation dans l'écriture, l'aînée dans le piano. Laura avait même écrit quelques textes pour sa sœur. Elle qui se pensait être à l'écoute de ses amis, elle se découvrait une large lacune d'un point de vue fraternel et familial qu'elle s'empressa de combler. L'année suivante, Alice quitta le domicile familial après avoir achevé son troisième cycle scolaire, entamant sa première année de médecine au sein de Université de Californie, à Los Angeles. Ce fut la première fois que les deux sœurs furent véritablement séparées, et Laura se rendit compte à quel point la complicité qu'elle entretenait avec sa sœur au quotidien pouvait lui manquer. Celle-ci compensa son absence par l'écriture, encore et toujours, s'éloignant peu à peu de ses amis de lycée, se comportant de manière moins festive et désinvolte pour se replonger dans les études, et espérer ainsi rejoindre sa sœur à Los Angeles d'ici deux ans.
Ce qui finit par arriver. A l'âge de dix-huit, Octobre 2003, Laura rejoignit le campus de l'UCLA, dans le quartier de Westwood, entrant en première année de sciences politiques. Au cours des trois dernières années, sa passion pour l'écriture l'avait poussé à se pencher sur multitudes de sujets contemporains et d'actualités ; et sa soif de reconnaissance lui avait dans un premier lieu soufflé à envisager une carrière politique. La jeune femme s'impliqua dans la vie active de son lycée, devint une des chroniqueuse du canard diffusé sur le campus, et rejoignit même une association de militants contre la guerre en Irak. Cependant, elle se rendit bien vite compte que cette voie n'était pas la sienne, et que d'actrice, elle se préférait de loin observatrice. Aussi ne revint-elle pas sur le Campus une fois le Springbreak passé, préférant déposer sa candidature au sein d'une école de journalisme.
En Octobre 2004, Laura fit donc ses premiers pas au sein de l'école de journalisme Annenberg, dans le centre-ville de Los Angeles, y trouvant sa véritable vocation et leitmotiv de sa vie future. Elle s'impliqua corps et âme dans l'obtention de son premier degré d'études supérieures, avec pour objectif à long terme de devenir une journaliste réputée et reconnue au sein d'un grand journal, considérant avec dédain celles et ceux qui se cantonnaient au minimum et qui feraient carrière dans la presse à scandale et les magazines people. Los Angeles était la ville rêvée pour ces personnes-là, grâce à Hollywood, ses stars et ses illusions de rêves Américains. Mais la cité des anges représentait une tout autre chose aux yeux de Laura. Une métropole à la richesse incroyable, véritable bouillon de cultures, où le pouvoir de la presse pouvait défaire les grands et faire trembler le monde. Une ville rongée par la criminalité aussi, avec ses banlieues ignorées des élus et reléguées au rang de dépotoir pour ceux que la société rejetait. Une époque où la cadette Blake s'imaginait déjà en redresseuse de torts journalistique. Mais bien évidemment, pour le monde charognard des médias, le monde est bien trop vaste pour se contenter de Los Angeles et ses faubourgs. La misère du monde n'est pas de taille humaine, mais il semble surtout ne pas y avoir assez de misère en ce monde pour satisfaire l'appétit du drame des hommes. Alors Laura tâche de diversifier ses connaissances, approfondir sa culture générale, et surtout d'observer son monde avec beaucoup de recul, pour se forger ses propres opinions. Pour éviter surtout de succomber au piège des médias. La population réclamait la vérité, et la presse tâchait de la satisfaire. Qu'importe d'ailleurs de savoir si la vérité ainsi portée était la vérité vraie ; tant qu'il y avait des scandales et des gens sur qui cracher, les papiers se vendaient.
Et puis vint le temps où il lui fallait commencer à s'assumer, pour soulager les finances familiales d'une part, et aussi pour affronter la vie réelle, couper le cordon. Au début de l'année 2006, quelques semaines après avoir fêté sa majorité, la jeune femme prenait son premier appart', enchaînant ses études à l'université avec les petits boulots. C'est d'ailleurs au cours du mois de Janvier qu'elle fit la rencontre de son futur époux, Jack Strathford, étudiant en arts visuels, souhaitant devenir photographe professionnel. Jack, jeune homme de trois années plus vieux, entamait ainsi sa dernière année de Master's of Arts et réalisait quelques séances de shooting le soir venu. En tant qu'artiste visuel, il avait une conception bien différente du monde qui l'entourait, ayant entre ses doigts et dans son objectif le pouvoir d'arrêter le temps et figer ce qui était éphémère aux vivants. Les deux jeunes gens se trouvèrent de nombreux points communs, et surtout de nombreuses divergences. Chaque café partagé dans un Starbuck du centre-ville, chaque verre avalé dans un bar en soirée ou encore les petits coup de pouce photographique qu'il daignait bien accorder à la journaliste en devenir pour agrémenter ses écrits et ses articles constituaient autant d'occasions d'échanger, de débattre, de se disputer bref, de se rapprocher. Après quelques mois de relation amicale, et aussi de sentiments inavoués, Laura accepta de se prêter à l'objectif de Jack, par amusement. De nombreuses soirées passèrent ainsi, mélanges de vin rouge et de flashs crépitant, jusqu'à cette soirée du 21 Juin où l'amitié finit par se muer en intimité entre les deux étudiants. Son master en main, Jack commença à démarcher les journaux et les sociétés publicitaires en quête d'un emploi, en vain, avant d'élargir à contrecœur son champ de recherche aux agences de mode, toujours sans succès. Finalement, c'est en tant que photographe free-lance qu'il gagnera sa vie, entre clichés à scandale - qui n'étaient guère au goût de la fille Blake - et photographies pour touristes.
Trois années plus tard, ce fut au tour de Laura d'obtenir son Master's Degree en journalisme, et le lendemain de sa réussite, Jack lui fit sa demande en mariage, tenant ainsi une promesse qu'il s'était secrètement fait une année plus tôt. Le 22 Août 2009, Laura répondit "oui" devant l'autel de la cathédrale St James et devint officiellement Mme Strathford dans la ville natale de Jack : Seattle. De mémoire, elle n'avait jamais vu autant de fierté dans le regard de son père, et n'y avait même jamais vu ces traces d'humidité salée. 2009... Une année riche en émotions pour la famille Blake puisqu'au mois de Novembre, Alice mettait un petit Erik au monde. Au cours des années qui s'étaient écoulées, les deux jeunes femmes n'avaient jamais rompu le contact et se voyaient régulièrement sur Los Angeles, que ce soit pour des séances shopping dans le centre-ville, ou encore des après-midi à lézarder sur les plages de Santa Monica ou Venice. Son aînée poursuivait son internat au sein de l'hôpital VA West de Los Angeles. Laura quant à elle continua de vivre au cœur de la cité des anges, aux côtés de Jack, réalisant de nombreux articles en free-lance également, pour le compte de canards locaux, pour la plupart satyriques, et en de très rares occasions, pour le Los Angeles Times, couvrant de minables faits divers ou interviews sans intérêt destinés à remplir les colonnes, même si à ses yeux, c'était toujours un premier pas.
Décembre 2009, mois funeste pour la famille Blake, puisque Elisabeth, sa mère, décéda d'une rupture d'anévrisme à l'âge de 47 ans. Véritable choc pour l'ensemble de la famille, Laura revint passer quelques semaines à Bakersfield, aux côtés de son père, afin de traverser ensemble cette épreuve difficile. Cette épreuve marqua la jeune femme durant de nombreux mois, qui finalement la décida à aller de l'avant et commencer à démarcher les grands journaux pour assurer un avenir plus stable à sa future famille, et s'accomplir dans sa vie professionnelle. La seule chose qu'elle put se dégotter fut une place de stagiaire pigiste à la rubrique nécrologique, avec le privilège de côtoyer la photocopieuse, la machine à café, et beaucoup plus rarement, le privilège aussi de faire paraître un article free-lance. Mais Laura se trouvait désormais dans la place, et c'est dix-neuf mois plus tard qu'elle obtenait un poste à temps complet en tant que secrétaire de rédaction. Elle se languissait bien évidemment de devenir une véritable reporter, mais son application à la tâche de secrétaire, et son style de rédaction extrêmement bien agencé lui permit d'atteindre cet objectif au bout de quelques mois. Jack de son côté, qui n'était toujours pas parvenu à se faire remarquer jusque là dans sa spécialité, profita de l'occasion et des interviews réalisées par sa compagne pour se faire connaître des mondains de la ville, et décrocher ainsi un emploi à temps partiel dans une agence de mannequinat. Bien évidemment, la situation ne manqua pas d'attiser la jalousie de Mme Strathford, qui mit quelques semaines à digérer la nouvelle et accepter la situation.
Mais l'année 2012 arriva, porteuse de nombreux espoirs de vie de famille pour le couple. L'idée d'avoir un enfant devint un sujet de discussion de plus en plus présent entre les mariés, et l'idée se mua en tentatives répétées, et déceptions. Bien évidemment, le couple ne baissa pas les bras aussi rapidement, ils avaient encore la vie devant eux. Ou pas…
3 Mars 2012. Jack se tue dans un accident de la circulation après une trop longue soirée mondaine pour laquelle il devait assurer la promotion photographique d'une jeune mannequin auprès de producteurs locaux. Laura est anéantie, le choc de la révélation étant trop abrupt pour être réel à ses yeux. Lorsque l'officier de police l'appelle, elle nie bien évidemment les faits. Ca n'a pas pu arriver, pas à lui, pas à elle, pas à eux. Mais la jeune femme est bien forcée de reconnaître l'évidence une fois rendue à l'hôpital. Peu de temps après l'enterrement de Jack à Seattle, commence pour Laura une descente aux enfers radicale, malgré le soutien de sa sœur et de son père, la veuve ne parvient pas à s'en remettre, ayant perdu goût à la vie et goût pour l'écriture. Mangeant très peu et dormant encore moins, l'esprit hanté par les souvenirs de son amour défunt, elle ne tarde pas à perdre plusieurs kilos, se retrouvant avec un corps rachitique, comparable à celui d'une anorexique, elle plaque son boulot où elle est devenue totalement improductive et part se réfugier auprès de son père, qui tâche de l'accompagner du mieux qu'il le peut, piochant dans sa propre expérience pour tenter de trouver les mots justes tout en sachant que seul le temps sera capable de panser cette plaie.
Au mois de Juin 2012, avec toujours un arrière-goût amer d'inachevé, Laura décide de déménager pour Seattle, afin de maintenir tendu ce dernier fil et souvenir que représente la cité d'émeraude, décidée à repartir de zéro dans une ville qui lui est presque totalement inconnue, où rien ici ne lui rappelle la cité des anges devenue trop douloureuse à vivre. Vivre au milieu de tels souvenirs, ce n'est pas pour elle, c'est bien trop à supporter. Puisa dans ses économies, elle parvint à se dégotter un petit deux-pièces en plein centre-ville de Seattle, avec vue sur la baie de Puget Sound. Chaque matin lorsqu'elle se lève, elle peut voir les brumes recouvrir l'étendue d'eau calme, comme un miroir de son propre esprit.
"Mais il faut aller de l'avant…" Caractère :
Laura a toujours été une fille enjouée, au caractère avenant et qui ne rechigne pas à aller à la découverte de l'inconnu, qu'il s'agisse d'une personne ou d'une situation. Curieuse par nature, elle a la fâcheuse tendance de fourrer son nez partout, bien qu'évitant d'y mettre également son propre grain de sel sans y avoir été invitée. La jeune femme préfère très largement écouter que parler, et a horreur de parler pour ne rien dire. Excellente oratrice, elle a parfaitement conscience du pouvoir que peuvent posséder les mots, de l'incidence que peut avoir le fait de les prononcer, ou bien au contraire de les taire ; et en fait, en plus de son gagne-pain, un trait de caractère à part entière. Elle n'hésite d'ailleurs pas à profiter de cet avantage pour tirer parti des échanges auxquels elle participe, se montrant parfois imbue d'elle-même et prétentieuse ; appréciant d'être écoutée avec attention car estimant qu'elle a toujours quelque chose d'important à transmettre.
D'un naturel calme, posé et patient, elle ne se met que très rarement en colère, se comportant d'une façon relativement soupe-au-lait en le regrettant quelques instants plus tard. Avide de connaissances et de reconnaissance, elle passe beaucoup de temps à se documenter sur le monde qui l'entoure et ceux qui le dirige. Habituée à être au sommet du piédestal, elle tolère mal l'échec et le refus, et mais beaucoup de temps à les digérer avant de passer à autre chose, se ressassant souvent l'historique des évènements ayant mené à cet état de fait, s'illusionnant parfois de nombreux "et si…" et refaisant le monde à sa façon. Dans ces moments-là, elle se montre beaucoup plus distante et boudeuse, lui conférant un certain charme de gamine frustrée, à la fois touchant et agaçant.
Professionnellement, elle se révèle appliquée, consciencieuse et malheureusement trop perfectionniste, rédigeant des articles fluides et profonds sans pour autant les rendre indigestes ou trop élitistes ; et si les rédacteurs faisant appel à ses services apprécient sa plume et la qualité de son travail, ils regrettent cependant son improductivité, lui reprochant de consacrer trop de temps à un même sujet dans un monde qui vit à cent milles et de ne pas remettre à temps les commandes qui lui sont passées. Observatrice et perspicace, Laura accorde beaucoup d'importance à l'image que se font les autres de sa personne, et a la fâcheuse tendance, au travers d'élans de fierté mal placée, de saboter son propre travail si elle ne l'estime pas correct ; préférant de loin ne pas être publiée plutôt qu'être mal jugée et critiquée par ses pairs.
D'un point de vue plus intime, elle aime et a besoin de maintenir un contact très complice avec sa famille, d'autant plus depuis le décès de son époux, contactant sa sœur par téléphone presque tous les soirs, juste pour le plaisir de l'entendre s'émerveiller avec toujours autant de fierté des "aventures franchement banales" de son neveu. Mais c'est avec son père qu'elle entretient la plus grande complicité, ayant tous deux perdu l'amour de leur vie, ils aiment se soutenir et se rassurer mutuellement au travers de leurs deuils d'amants respectifs.
Mais depuis la disparition de son époux, Laura traverse une période extrêmement difficile, ayant beaucoup de mal à achever son deuil. Persuadée d'être passée à côté de quelque chose, sans pour autant savoir quoi, elle a beaucoup perdu de sa jovialité au cours des derniers mois, venant vivre avec le dernier lien qui la rattachait à son époux dans l'espoir de réussir à aller de l'avant. Bien plus acide dans ses rapports avec le monde extérieur et moribonde avec elle-même, Laura a beaucoup plus de mal à tenir des propos captivants, ceux-ci étant le plus souvent obscurcis par l'ombre du deuil qui lui ronge l'esprit, rendant sa présence plutôt gênante, parfois même irritante. Elle a d'ailleurs rompu le contact avec ses amis suite à cet évènement, fuyant même leurs tentatives de renouer le contact pour tâcher de se concentrer sur sa propre reconstruction et briser le laisser-aller qui s'est installé.
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