Domicile des Ghuillard

C'était le moment de retrouver les vieux reflexes...
Le port droit, la chemise dans le pantalon et l'air d'en savoir plus qu'il n'en faut...

Je sonnai au portillon pour appeler le gardien des pelouses

- Pas mal la bicoque de l'artisan...

"Je pense qu’on va avoir une bonne surprise… C’est peut-être ça l’instinct du journaliste… Ou un excès de sucre, qui sait ?"

Il eût un petit sourire et passa tranquillement ses mains l’une sur l’autre, il savait très bien ce pourquoi il était là, mais son interlocuteur un peu moins. Un petit coup d’œil du jeune homme sur le sac de Max et il finissait par dire à celui-ci.

"Sur ce coup là il va falloir avoir confiance en moi."

Trop tard pour répondre, quelqu’un arriver. Enzo laissa Faith parler en premier.

Confiance...Voilà un mot que je n'avais pas entendu depuis un bout de temps...Quand un flic bosse en undercover chez les truands, c'est une fantasie qu'il peut rarement se permettre...
Ma jauge de confiance avait de toute façon sacrément morflée tout au long de ma vie et j'en étais pas encore à la partie où on se pardonne à chaude larme...

Le taille brousse ouvrit la porte d'un air interrogateur...
Je lui fourrais la carte bidon sous le nez et la rengainai aussitôt...Ca marchait dans 90% des cas...

- Bonjour monsieur...Inspecteur Jervis et Marvin du SPD...Nous voudrions parler à Madame Ghuillard s'il vous plaît. C'est au sujet du meurtre de son mari.
Nous pensons avoir une piste sérieuse..

J'avais fait ça un million de fois...Je connaissais la rengaine par coeur, c'était parfaitement huilée...Les gens pensaient que c'était vrai parce que ça ressemblait à ce qu'ils voyaient à la télé...
En réalité, moi, je me rappelle que lorsque la carte était brandie et que le "DEA! Lâchez vos armes! " sortait, la poudre parlait avant les "bonjours monsieur"...

Le jardinier, pas plus surpris que ça de voir débarquer la Police vu que ce n'était pas la première fois, ni sûrement la dernière, depuis la mort de son patron, entra dans la maison et appela poliment Mrs Ghuillard.
Celle-ci mis quelques longs instants à venir puis on entrevit un petit bout de femme, assez agée et qui se tenait fermement à la rampe de l'escalier.
Elle arriva bientôt au niveau des deux "inspecteurs" et leur renvoya un regard noir.

"- Entrez messieurs." dit-elle sèchement.

Enzo fit un petit sourire au jardinier et lui accorda un hochement de tête en guise de remerciement une fois qu’il les eût mené jusqu’à la matrone. Là il se tourna vers celle-ci et malgré son aspect bourru lui offrit un sourire aussi délicat que bienveillant. La petite dame avait de toute évidence bien peu de compassion pour les membres du SPD. Et à vrai dire ça n’affectait que peu le charmant jeune homme qui venait d’entrer puisqu’il n’en faisait pas parti.

"Bonjour. Inspecteur Marvin et Jervis."

Il fit un pas en avant, toujours souriant et observa rapidement l’endroit.

"Désolé d’avoir à venir vous ennuyez en un si bel endroit. Nous sommes, l’inspecteur Jervis et moi-même, ici afin de mener une enquête complémentaire. Comme vous le savez le Capitaine Connor est déjà inculpé pour le meurtre de Monsieur Ghuillard, cependant la présomption d’innocence et le fait que Roxann Connor puisse être la cible d’un complot nous oblige à de telles mesures. Je me permets d’être franc avec vous, Madame, même si je devrais garder secret le fait qu’une seconde équipe de l’Inspection Générale des Services est sur l’affaire. Il est important à mes yeux que vous sachiez que nous faisons le nécessaire pour appréhender le véritable meurtrier"

Le jeune homme lâcha son air sérieux pour un nouveau sourire plein de bonté.

"J’aimerai vous tenir au courant de certaines avancées et vous posez quelques questions."

La vieille avait l'air de regretter son époux comme on pleurait le départ du percepteur et avait le sens de l'accueil d'un gardien de prison...

- Navré, madame, en ce moment douloureux de venir à nouveau vous tourmenter, mais c'est une affaire grave et il nous tient à coeur de mettre derrière les barreaux celui ou celle qui a commis cet homicide...

Pour que le vieux bavardent, il fallait mettre le masque de gendre idéal...Ca marchait souvent : bien polis, soigneux au travail...
Enzo était le complice parfait...
Discrètement, je tentais de voir si la vieille avait réellement des problèmes de vues...SI les dires des avocats concordaient, Connor gagnait un point de plus dans la balance des accusés...

La jeune femme n'écouta qu'à moitié le jeune "inspecteur". Elle n'avait que faire de ses paroles d'ailleurs.

"- Je ne veux rien entendre, je l'ai vu. Cette femme a tué mon mari. Je l'avais vu à la TV, je l'ai reconnue j'en suis sûre.
Pour moi vous n'êtes que des pions venus ici dans l'espoir de sauver votre chef mais je sais qu'elle a commis un crime. Vous n'aurez rien.

Elle était en train de trembler tellement elle était énervée. Apparemment elle n'envisageait même pas la possibilité d'un autre meurtrier.

Apparement la vioque prenait la chose à coeur..

- Madame Ghuillard, tout porte à croire que vous ayez raison et si le capitaine Connor doit être punie, j'espère qu'elle le sera avec sévérité pour avoir jeter le discrédit sur notre service...Toutefois, nous aimerions connaître plus de détail sur votre mari, pour savoir quels motifs aurait poussés le capitaine Connor à tirer sur Monsieur Ghuillar..Lui connaissiez vous des ennemis ? Avez vous déjà vu le Capitaine Connor autrement que ce jour ci ? Votre mari se sentait il menacé ?

Max parla puis Enzo porta rapidement sa main à sa bouche et toussa doucement. Il avait bien compris la femme et finit par se retourner vers son coéquipier, parlant alors de profil en limitant les mouvements du côté de son visage exposait au regard de cette femme. Peut-être la vue n’était pas la seule chose chez elle qui allait de travers, qui sait ? Il parla alors tranquillement à son compagnon, parlant plus bas pour tâter de l’ouïe de cette femme.

"Joe. Passes-moi le sac s’il te plait."

Son sourire en coin lui permettait d’éviter qu’elle lise sur ses lèvres du fait de son profil.

"Madame, dîtes-moi, Monsieur Ghuillard travaillait-il avec quelqu’un à la bijouterie ?"

La femme se radoucit quand on lui parla de la culpabilité quasi certaine de Connor. Elle était maintenant plus disposée à répondre aux questions qu'on lui posait.

"- Mon mari n'avait pas d'ennemis, à part peut-être quelques concurrents, mais ce n'étaient pas des ennemis, plutôt des collègues qui se "faisaient la course".

Elle parut réfléchir un instant.

"- Et maintenant que vous le dites, je n'ai pas vu Connor avant dans le magasin, par contre j'ai entendu sa voix.
Il me semble... il me semble que c'était le jour du meurtre de mon mari, tôt dans la matinée. J'étais la seule réveillée et j'étais allée très tôt au magasin, j'écoutais distraitement les messages, je n'y avaispas prêté attention.
Connor disait quelque chose du genre qu'elle ne voulait pas venir quand il y'avait de la foule et elle demandait quand est-ce qu'il y avait le plus de monde.
Biensûr, nous avons le plus d'affluence vers midi, justement c'est vers cette heure-ci que mon mari a été tué."

Elle regarda vers Kelting, entendant sa phrase.

"- Vous avez besoin de quelque chose inspecteur ? demanda-t-elle au jeune homme.

Kelting se retourna vers elle, lui souriant toujours. Il avait vu juste… Le jeune homme pouvait à présent mettre en place sa petite stratégie improvisé. Il ouvrit tranquillement le sac de son camarade et prit à l’intérieur le répondeur qu’il plaça sur une surface plane proche, les halls avaient des buffets qui pouvaient bien servir lorsqu’on voulait faire écouter une bande à quelqu’un.

"Non, merci. Voici l’une des pièces saisies sur le lieu du crime pour compléter l’enquête."

Il s’arranger pour rapidement caller la bande au début du deuxième message.

"J’aimerai que vous prêtiez attention à ce qui est dit dans ce message, madame."

Enzo approcha son doigt de l’appareil mais s’arrêta.

"Quelqu’un d'autre travaillait-il dans la bijouterie de votre mari ?"

La femme avait observé Kelting qui sortit le répondeur, le leur, de son sac. Il allait appuyer sur la touche "Play" quand il se ravisa pour lui poser une autre question.

"- Non personne ne travaillait avec lui. Sauf moi biensûr, de temps en temps."

Elle regarda le répondeur et attendit patiemment que l'inspecteur veuille bien le lancer.

"- Que voulez-vous me faire écouter ?"

"Quelque chose qui était adressé à votre mari, je vous prierai de rester neutre. Il est important que vous m’écoutiez une fois que vous aurez écouté ce qui y est dit."

Oui, son mari travaillé seul ou avec sa femme… La communication était donc pour lui. Le jeune homme appuya bientôt sur la touche que son doigt touché déjà et laissa le message se faire entendre. Une fois que l’on entendit quelques tonalités, il arrêta la bande avant que le message suivant ne commence.

"Avez-vous reconnue cette voix ?"

La vieille femme avait écouté le message de la "pute". Elle semblait sincèrement choquée.

"- Oh mon Dieu !"

Elle se mit à trembloter, on voyait perler des larmes.

"- Est-ce qu'il me trompait ?"

Elle dut faire un gros effot pour se rappeler que l'inspecteur avait posé une question.

"- Non je ne reconnais pas cette voix... oh mno Dieu."

Ma poche libera le son etouffe d'une sonnerie...Machinalement je decrochais

- Faith, j'ecoute...

Je realise aussitot mon erreur...Je ne m'etais pas presente sous ce nom a la vieille

- Faith...Ma..ma cherie, je.. travaille la..
Je posais ma main sur le combine

- Excusez moi, madame ghuillard, ma femme....Je vous laisse entre les mains de l'Inspecteur Marvin...

Je sortais un instant dans le jardin..

- Je vous ecoute...

[CONVERSATION TELEPHONIQUE]

"- Bonjour monsieur Faith. Nous sommes une compagnie de téléphones mobiles et savez-vous que la nouvelle technologie... Ginmed 2 permet de savoir où vous vous trouvez à n'importe quel instant. On peut par exemple savoir que vous êtes allés, aujourd'hui même ,pas loin de Jackson Drive. Est-ce vrai ?"

[/CONVERSATION TELEPHONIQUE]

"Madame…"

Il s’approcha doucement et effleura son coude pour lui apporter un soutien moral et physique nécessaire. Plongeant son regard dans le sien il poursuivit alors, c’était le moment de vérité.

"Moi et l’inspecteur Jervis avons rencontré un jeune homme qui se faisait passer pour le fils de votre mari afin de promettre à ses conquêtes les bijoux qui se trouvaient en vitrine. Cependant il s’agissait juste d’histoires d’un soir, il est possible que ce message n’ait pas été adressé à votre mari mais à ce jeune homme. Le connaissez-vous ?"

Si jamais elle était responsable de la mort de cet homme et qu’elle venait de simuler la surprise, alors sans doute la bonne conscience qu’elle se donnait en se disant qu’il l’avait trompé et qu’elle avait bien fait de le tuer éclaterait en morceau. Dans quelques instants il verrait si oui ou non, elle avait souhaité sa mort.

La femme était encore stupéfaite de la découverte qu'elle venait de faire, sous le choc.

"- Non je ne connais pas cette homme qui aurait pu se faire passer pour le fils de mon mari. Vraiment je suis désolée.
Je... je ne savais pas que mon Peter ait pu avoir ... enfin vous savez, une maîtresse."

Elle ravala ses larmes puis respira un peu.

"- Mais d'un côté je le comprend. Je ne suis plus toute jeune vous savez, et il avait tout de même presque dix ans de moins que moi.
Mais... puis-je vous demander ce que ça a avoir avec Connor ?"

[CONVERSATION TELEPHONIQUE]

"- J'aimerai juste savoir si vous étiez pas loin de Jackson Drive aujourd'hui, ça nous aiderait dans nos recherches pour perfectionner cette technologie. Des vies pourraient être sauvées."

[/CONVERSATION TELEPHONIQUE]