- Alors Gresson, vous le voyez ?
Matthew reposa la radio sur le tableau de bord de sa voiture avant de se saisir à nouveau des jumelles. Il les pointa discrètement vers une petite maison situé plus en contrebas dans la rue. Cela faisait dix minutes qu’il se trouvait là à épier la maison du suspect en attendant que les autres soient en place.
La radio se mit à grésiller.
-Ici Gresson de l’équipe 2. La cible vient d’entrer dans le salon et d’allumer la télévision, j’ais un visuel très dégagé.
Il dirigea ses jumelles vers l’endroit indiqué. L’officier de police n’avait pas menti : il voyait à présent et très distinctement le suspect à travers une des fenêtres. Apparemment, celui-ci venait de se lever. Au vue de sa tenue, un short et un T-shirt tout simplement et sa tête affichant une mine déconfite avec les yeux entourés de cernes, notre homme avait passé une courte nuit.
Un bien triste spectacle pour Matthew : un mec à moitié conscient, à la barbe de huit jours avachi dans son fauteuil avec un restant de pizza à portée de mains et des canettes de bière vides. Si le suspect avait été de sexe féminin, bien roulée, peut importe les habits, il trouverait le spectacle plus digne d’être regardé. Là, c’était comme si il épiait un gorille ivre-mort mâchant un bout de bois en guise de banane.
Il se renfonça dans le siège en cuir de sa voiture et regarda dans la rue qui s’étalait devant lui. Apparemment, l’individu ne se méfiait pas. Les officiers de police avaient pu s’approcher très près sans qu’il s’en rende compte. Maintenant, les cinq hommes attendaient son signal dans plusieurs voitures banalisées pour prendre d’assaut la maison. Un bélier était prêt à entrer en action pour abattre la porte d’entrée. De plus, l’homme ne pourrait pas s’enfuir vu que sa maison était collée à d’autre sur la rue. Il lui serait impossible de sortir par derrière s’il parvenait à réagir dans son état.
Confiant, Matthew sortit de sa voiture, rajusta son costume et mit en place ses lunettes de soleil people (les mêmes que Bruce Willis) sur son nez. Verrouillant sa voiture avec le bip, il se mit à avancer dans la rue.
Il fit quelques mètres avant de s’arrêter brusquement et de rebrousser chemin. Il avait oublié la radio sur le tableau de bord. Un peu gêné par son oubli qui fichait en l’air toute son entrée en scène, il rectifia son oubli en se saisissant de la-dite radio et se remit en marche.
Il avança d’un pas assuré droit sur la maison qui se situait à quelques cinquante mètres.
- Très bien, on y va. Equipe numéro 1 en position devant la porte. Equipe numéro 2, vous emboîterez le pas dès que la porte sera enfoncée. Continuez à observer.
Les policiers s’affairèrent et se mirent en position le plus discrètement possible. L’homme qui manipulait le bélier, un colosse d’un mètre quatre-vingt quinze et pesant au moins 100 kilos se tint prêt et le regarda pour attendre le signal d’attaque.
Matthew s’arrêta sur le bord du trottoir et sortit son téléphone portable. Il composa un numéro et attendit, un sourire amusé sur le visage.
Dans la maison, John, qui était toujours affalé dans son fauteuil entendit brusquement la sonnerie de son téléphone fixe. Le bruit strident lui fit mal aux oreilles et il peina à se lever. Il arriva au combiné malgré sa démarche maladroite causée par des vertiges et une migraine du tonnerre. Il décrocha, il y avait une voix inconnue au bout du fil, une voix d’homme. Il lui répondit d’une voix très faiblarde.
- Je suis bien chez monsieur John Mitchell ?
- Ouais.. C’est moi…C’est pour quoi ?
- Oh, c’est juste pour vous dire vous allez rencontrer de nouveaux amis..
John eu à peine le temps de répliquer que la porte fut brutalement enfoncée. Le bruit du bois brisé en mille morceaux sous l’effet d’un seul coup eu pour effet de le tirer de sa rêverie.
Mais il n’eu pas le temps de réagir, déjà, plusieurs personnes portant l’uniforme de la police s’engouffrèrent dans le salon et le mirent en joue avec leur armes.
Un second groupe entra et se dispersa dans les différentes pièces de la maison alors que les premiers arrivés le mettaient violemment à terre et lui passait les menottes.
Lorsqu’il fut relevé sans ménagement, il aperçut devant lui un homme en costume et portant des lunettes de soleil. Il avait encore son portable à la main et de l’autre il tenait une feuille de papier. L’homme, qui souriait malicieusement, se décala et alla droit vers la télévision qu’il éteignit.
- Hé, c’est quoi ce délire ?
Matthew se retourna, enleva ses lunettes de soleil et le regarda droit dans les yeux.
- Disons que c’est comme pour la pizza qui trône sur votre canapé. On nous appelle et on apporte devant les tribunaux la pizza souhaitée. Ce que je peut dire pour vous est que vous n’allez pas être servi avec des anchois.
John Mitchell, vous êtes accusé de meurtre et de trafic de stupéfiant. Le mandat d’arrêt que j’ais à la main porte votre nom et il est accompagné d’un droit de perquisition de votre domicile. Je suis sûr que nous trouverons notre bonheur en ces lieux.
Allez, emmenez-le chez le juge.
Le suspect fut emmené au dehors et on le fit grimper dans une voiture pour l’emmener au poste. Un des officiers qui avait investi les autres pièces apporta à Matthew un paquet enveloppé dans un sac plastique. Il l’ouvrit et eu la joie de voir apparaître sous ses yeux le pistolet tant recherché. Le calibre correspondait et la balistique se ferait une joie de l’expertiser. Si le test s’avérait concluant, il aurait assez de preuves pour envoyer ce cher John directement au procès sans passer par un interrogatoire.
Matthew passa la consigne de fouiller intégralement la maison tandis qu’il se dirigeait vers la sortie. A présent il pouvait souffler. L’enquête était enfin terminée après tout ce temps.
